Je ne vous le cacherai pas, j’adore l’aspect psychologique relié à l’argent. Gérer de l’argent est une chose, mais gérer ses émotions face à l’argent en est une autre. Le biais d’ancrage (Anchoring Bias), découvert par Tversky et Kahneman en 1974, est la tendance d’une personne à se fier excessivement à une information initiale que nous appelons l’ancre. Même si l’information est arbitraire, inexacte ou dépassée depuis longtemps, l’ancre nous rattache toujours à celle-ci. Un exemple personnel est le prix des maisons. Nous possédons la nôtre depuis près de 20 ans, alors pour moi, un prix de 400 000 $ aujourd’hui pour un bungalow en banlieue est totalement impensable!
En finance, l’ancre peut prendre plusieurs formes. Elle peut représenter le prix d’achat d’une action, une valeur passée du marché pour un item ou même une information provenant d’un ami. Une fois l’ancre bien en place, toute ce que s’éloigne de l’information enregistrée dans notre cerveau sera considéré comme trop cher ou à rabais lors de la prise de décision.
Par exemple, ces temps-ci, on entend souvent dire que le marché boursier est surévalué, que tous les titres battent des records (ATH) et que tôt ou tard, une correction arrivera. Effectivement, mais cela arrivera dans combien de temps? Et si cette nouvelle valeur perdurait dans le temps? Quelle devrait devenir la nouvelle ancre? L’investisseur attendra, restera sur les côtés, en attendant que les prix reviennent dans une fourchette près de son ancre.
Notre cerveau, comme la bourse, déteste l’incertitude. Il veut des repères stables et surtout une valeur de référence à laquelle se rattacher. Malheureusement, en finance, les repères sont en mouvement perpétuel. L’ancre du passé ne reflète peut-être pas la vérité d’aujourd’hui.
En bref, il est important de se questionner et de se remettre en question en tout temps sinon l’ancre devient une forme d’analyse paralysante. Il est bien de se baser sur le passé, mais tout en l’analysant à la réalité actuelle. Le monde bouge, il est important de bouger avec lui. Lorsqu’on est trop rigide, nous risquons de perdre de belles opportunités.